Foi (bouddhisme)

La foi (Pali: saddhā; sanskrit : श्रद्धा, IAST : śraddhā), dans le domaine du bouddhisme, fait référence à un engagement serein dans la pratique de l'enseignement du Bouddha, et à la confiance en des êtres éclairés ou très avancés, tels que les bouddhas ou les bodhisattvas (ceux qui cherchent à devenir un bouddha). Les bouddhistes reconnaissent généralement plusieurs objets de foi, mais beaucoup se concentrent sur un seul en particulier, par exemple un Bouddha précis. La foi ne se limite pas à une dévotion envers une personne, mais elle est liée à des concepts bouddhistes comme l'efficacité du karma et la possibilité d'atteindre l'éveil (bodhi).

Dans le bouddhisme ancien, la foi se concentrait sur les Trois Refuges, ou « les trois Joyaux », c'est-à-dire le Bouddha, son enseignement (le dharma) et la communauté monastique à la recherche de l'éveil (le saṅgha). Le bouddhisme primitif attachait une plus grande importance à l'examen personnel de la vérité spirituelle menant à une telle vérité, et considérait les écritures sacrées, la raison ou la foi en un enseignement comme des sources d'autorité de moindre qualité. Pour lui, aussi importante qu'elle puisse être, la foi n'est qu'un premier pas sur le chemin de la sagesse et de l'éveil, et quand le pratiquant touche au terme de ce chemin, elle devient obsolète.

Avec l'avènement du bouddhisme mahāyāna, on a attribué à la foi un rôle beaucoup plus important. Le Mahāyāna introduit la dévotion aux bouddhas et aux bodhisattvas, en particulier aux Bouddhas résidant dans les Terres pures, (par exemple le bouddha Amitābha), ce qui a donné à la foi une place centrale dans la pratique. Ainsi les bouddhistes de la Terre pure ont même vu dans la foi un état similaire à l'éveil. Dans le même ordre d'idées, les sutras du Mahayana, en particulier le sūtra du Lotus, sont devenus des objets de vénération, et les réciter ou les copier était censé être une source de grands mérites. Plus tard, l'impact de la foi dans la religiosité bouddhiste est devenu un pivot de mouvements millénaristes dans différents pays bouddhistes, qui ont parfois entraîné des changements politiques importants, allant jusqu'au renversement de dynasties royales.

À partir du XIXe siècle, dans des pays comme le Sri Lanka et le Japon mais aussi en Occident, une nouvelle lecture du bouddhisme, appelée « néo-bouddhisme » (ou encore « bouddhisme moderne »), est apparue qui a remis en question et minimisé le rôle de la foi. La foi n'a pas pour autant perdu sa place dans l'Asie et l'Occident contemporains, mais sa compréhension et sa définition diffèrent désormais des interprétations traditionnelles, sous l'influence des valeurs modernes et de l'éclectisme et du syncrétisme.


Developed by StudentB